Les jeunes de la génération Y, qui sont-ils ? Qu'attendent-ils des entreprises, de leurs managers ? Comment imaginent-ils leur carrière ? Le 14 janvier dernier, le CFA Sacef a essayé de répondre à ces questions lors d'une conférence-débat sur ce sujet.
Daniel Ollivier, directeur associé du cabinet de conseil en management et en ressources humainesThera Conseil et auteur d’un livre sur le sujet Génération Y - Mode d’emploi a animé la conférence devant des partenaires du CFA, des enseignants, des maîtres d'apprentissage, des membres de l'ADESA ainsi que des apprentis : ils font partie de cette génération Y, mais peut-être sommes nous déjà à la génération Z ?
La génération Y, ce sont les jeunes nés à partir de 1980 et qui sont en âge de travailler. Ceux qui arrivent après la génération X (1964-1979), confrontés à des managers la plupart du temps issus de la génération des baby-boomers nés dans l'après-guerre et parfois des vétérans (avant 1945) encore en activité.
Ces séparations en générations peuvent paraître arbitraires voire simplificatrices, mais pour Daniel Ollivier "elles se fondent sur un socle commun de valeurs avec des différences notoires avec les générations précédentes".
Ces valeurs, quelles sont-elles ? "Un certain individualisme, la recherche du plaisir dans le travail, le respect des compétences, l'interaction entre la vie privée et professionnelle... Ils veulent vivre leur vie professionnelle mais aussi affective sans oublier leurs loisirs", précise Daniel Ollivier.
Des valeurs qui déconcertent beaucoup de managers qui y voient parfois de la désinvolture. Ils leurs reprochent leur micro-absentéisme, leur infidélité aussi car beaucoup de ces jeunes quittent leur entreprise au bout de 2 ou 3 ans. Et Daniel Ollivier de citer une enquête qui révèle que 71% des jeunes qui démissionnent le font pour un problème d'entente avec leur manager direct et non pour une question de rémunération.
"Et pourtant, ces jeunes ne sont pas un problème mais une solution pour l'entreprise car ils savent travailler en réseau, sont familiers des nouvelles technologies, apprennent facilement, ils ont confiance en eux et ont une vision positive du futur, ils sont directs et francs et aiment confronter les idées", assure Daniel Olliver.
Bref, en terme d'intégration, il y a encore du chemin à faire. Beaucoup de managers se disent que cette génération devra bien s'adapter aux us et coutumes des précédentes. Mais les baby-boomers commencent à prendre leur retraite (certains vétérans ne l'étant pas encore), le rapport de force va s'inverser, peut-être est-ce à l'entreprise de s'adapter, sans doute nombre d'entre elles ont déjà commencé à le faire !
Dans la salle, le public est globalement d'accord avec ce portrait de la génération Y. "Les jeunes d'aujourd'hui adhèrent à un projet précis et déterminé dans le temps. Ils ne cherchent plus à faire carrière au sein d'une même entreprise. Ils sont dans le court terme. Ils peuvent partir au moindre problème ou si on leur propose quelque chose qu'ils trouvent plus intéressant", estime un manager du secteur bancaire. D'autres voix cependant s'élèvent pour rappeler aux principes de réalité et à la concurrence internationale des marchés de l'emploi, à la menace des délocalisations ou de l'immigration professionnelle choisie : mais le phénomène de la génération Y semble se moquer des frontières : il apparaît mondial.
"Nous sommes plein d'impatience et nous avons besoin d'expérience. Nous avons beaucoup de respect pour la compétence" ajoute une apprentie, issue de cette génération.
Daniel Ollivier rebondit sur cette remarque en précisant que "les jeunes ont moins d'intérêt pour l'autorité, la hiérarchie, que pour la compétence qu'ils respectent. Ils attendent du manager qu'il soit leur impresario, qu'il les accompagne et leur permette de mettre leur talent en valeur."
L'auteur donne quelques conseils aux managers rappelant "qu'il y a des choses qui ne sont pas négociables et qu'il faut être clair là-dessus. Néanmoins il faut être attentif à l'éthique, il faut qu'il y ait une cohérence entre le discours et les actes, il faut expliquer ce que leurs fonctions vont leur apporter en terme de compétences et être innovant sur la manière de travailler : pourquoi ne pas avoir recours parfois au télétravail, ou à des missions en auto-entrepreneur ? Il faut prêter attention à la relation personnelle que l'on entretient avec le jeune. Il faut établir une relation de confiance, mettre en valeur et fêter les victoires, bref donner du sens au travail.
Dans la salle, une apprentie prend la parole : "les jeunes qui ont fait des études et qui arrivent dans une entreprise n'y sont souvent pas préparés, c'est un monde qu'ils ne connaissent pas, ce qui peut parfois provoquer des incompréhensions. On mesure alors tous les apports de l'apprentissage qui permet au jeune de comprendre le monde de l'entreprise pendant ses études."
On pourrait sans doute dire la même chose pour les maîtres d'apprentissage : une solution intéressante pour les managers qui souhaitent mieux comprendre les jeunes issus de la génération Y et leur donner la place qu'ils méritent.
La conclusion du Président Jean-Loup Fichter rapproche le vétéran du Jeune Y en rassemblant les générations. Il souligne en effet tout l'intérêt que présente la compréhension des spécificités de la génération Y pour l'amélioration de la relation intergénérationnelle mais pour lui, ces jeunes sont l'expression de notre époque et pas encore en posture de créer de nouvelles valeurs de références, leurs comportements professionnels sont leur réponse à une société créée par les générations précédentes et caractérisée par la valorisation de la personne plus que de la collectivité, le passage de la morale à l'éthique, du statut au contrat, d'une perspective à long terme à une adaptation permanente au court terme
La prochaine conférence-débat aura lieu le 23 mars prochain sur le thème : management, apprentissage et neuroscience
(Vous pouvez contrôler le défilement des images avec le curseur de votre souris)
La mobilité des apprentis a toujours été une préoccupation majeure du...
C’est dans ce cadre que le CFA Sacef a été audité par l’Afnor,...
Le CFA reste pleinement mobilisé pour ses apprentis et partenaires...
Le CFA SACEF recrute ses candidats à l'apprentissage pour plusieurs...
Milena Salerno, enseignant-chercheur de l'université Sorbonne Paris...