Professeur et manager, Philippe Bellier a recruté une de ses étudiantes en apprentissage.

Fondateur et dirigeant de la société de consulting L-up, Philippe Bellier enseigne son savoir-faire aux étudiants du master Projets européens proposé par le CFA Sacef et l’université de Cergy-Pontoise. L’an passé, il a recruté une de ses étudiantes de master 2 en apprentissage. 

En quoi consiste l’activité de votre société ?

L-up met au service des entreprises, en France et à l’étranger, des professionnels qui ont plus de 25 ans d’expérience pour des prestations de conseil et d’expertise en management de projets scientifiques. Nous sommes une équipe d’une dizaine de consultants basés à Paris, Lyon et Grenoble et assistés par une cinquantaine d’experts.

Vos consultants ont donc plutôt un profil senior...

Très senior même. Nos consultants ont souvent fait leur carrière dans des laboratoires industriels ou à l’université et mettent aujourd’hui leurs compétences au service des chercheurs.

Le “L” de L-up fait référence au chiffre romain 50. Quand j’ai créé cette société il y a 11 ans, beaucoup  d’entreprises se débarrassaient de leurs quinquagénaires. J’ai voulu faire l’inverse. A cinquante ans, on est dynamique et on possède une solide expérience. Cependant, au bout de quelques années, certains sont partis en retraite et j’ai commencé à recruter des consultants avec 5 à 10 ans d’expérience. 

Jusqu’à prendre des profils junior comme votre apprentie Dominika Behrendt ? 

C’est le seul profil junior de notre équipe. Comme pour les plus de 50 ans, les jeunes rencontrent des difficultés sur le marché de l’emploi. Ici, ils travaillent en binôme et s’apportent beaucoup. Au départ, je ne comptais pas spécialement recruter d’apprentie mais quand Dominika m’a proposé sa candidature j’ai trouvé son profil intéressant. Elle est Polonaise et étudie en France en master 2, elle a un profil international et s’intéresse aux questions européennes. D’un point de vue pratique, je savais que je pouvais dégager du temps pour l’encadrer et lui donner des tâches valorisantes à effectuer. De plus, je suis son professeur.

En quoi consiste votre cours ?

Je mets en place des ateliers de montage de projets européens. Les étudiants apprennent à répondre à des appels d’offres de la Commission européenne, à monter un consortium, trouver des partenaires, établir un devis, etc. Cela fait 3 ans que j’enseigne à l’université de Cergy-Pontoise mais j’avais déjà donné des cours à l’université technologique de Compiègne (UTC) et j'enseigne à Supelec.

Ce n’est pas compliqué d’être à la fois le maître d’apprentissage et le professeur de votre apprentie ?

Non car les deux aspects sont bien séparés dans mes relations avec Dominika. Mais tout ce que je lui apprend en cours, elle le vit au quotidien. Récemment, elle a accompagné un consultant à Bruxelles où elle a assisté à des réunions de revue de projets avec la Commission. L’apprentissage lui permet d’aller plus loin que l’enseignement académique, de rendre les choses plus concrètes.

Quels sont pour vous les secrets d’un apprentissage réussi du point de vue de l’entreprise ?

Il faut que la relation avec l’apprenti soit équilibrée. Chacun doit y trouver son compte. L’apprenti n’est pas qu’un salarié à bas coût. Il ne doit pas avoir l’impression de perdre ses journées. Il faut lui consacrer du temps et avoir le goût de transmettre ses connaissances. De son côté, le jeune apporte des choses intéressantes, une vision nouvelle ou différente, une sensibilité aux nouvelles technologies parfois... Pour l’entreprise, c’est l’occasion aussi de tester un futur employé, mais il ne faut pas oublier que l’apprenti aussi teste l’entreprise. L’entreprise doit lui donner un maximum d’éléments pour construire son projet professionnel et savoir lui montrer les bons côtés du métier mais aussi les mauvais. 

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