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Concilier études, alternance et maternité :  la parole à Ana-Claudia

Concilier études, alternance et maternité : la parole à Ana-Claudia

Après un DUT en informatique et une année de césure pour maternité, Ana-Claudia était déterminée à continuer ses études. Aujourd’hui étudiante à l’école d’ingénieur EFREI, apprentie chez EDF et aussi maman d’une petite fille, Ana-Claudia partage avec enthousiasme son expérience de mère et d’apprentie à la fois.

Vous faites actuellement un cycle ingénieur en alternance à l’école EFREI, partenaire du CFA SACEF. L’alternance a-t-elle été un choix ou une opportunité ?

Ça a été un choix. J’avais choisi l’alternance déjà après le bac, car j’avais mon propre appartement et je ne me voyais pas faire des études et trouver un autre travail après. J’ai donc fait un DUT informatique en alternance à l’IUT de Villetaneuse, en travaillant pour BNP Paribas. Pour le cycle d’ingénieur, vu que j’avais fait deux ans d’alternance et que j’avais aimé cela, j’ai continué dans cette voie.

Dans quelle entreprise faites-vous votre alternance actuellement ?

J’ai changé d’entreprise parce qu’en DUT j’avais fait le tour de ce que je voulais voir. Je travaille maintenant pour EDF, dans le big data. Je suis en première année et j’ai un contrat de trois ans.

Comment avez-vous obtenu votre contrat d’apprentissage chez EDF ?

EDF, c’est une histoire avec plein de rebondissements. J’ai postulé à une offre sur le site d’EDF recrute, on m’a appelée deux mois après pour un entretien téléphonique, qui s’est très bien passé. J’ai eu un entretien physique encore deux mois plus tard et après ça a été un grand silence radio. Ils m’ont rappelée à la dernière minute, alors que je n’y croyais plus et que je me demandais ce que j’allais faire. Cela a pris du temps chez EDF, car ils ont dû faire une dérogation pour recruter des apprentis. J’avais postulé aussi dans d’autres entreprises, mais vu que j’avais déjà fait une alternance avant, j’ai été beaucoup plus sélective pour le deuxième contrat : mon alternance s’était bien passée, mais je m’étais retrouvée dans un service qui ne correspondait pas à ce que je voulais faire. J’ai ainsi préféré postuler à moins d’offres, cinq au total, et miser plutôt sur la qualité.

Mais ce n’est pas tout. Pour la formation à l’EFREI avec le CFA SACEF, il y a de nombreux candidats pour un nombre de places limité. Il faut donc être dans les premiers à trouver un apprentissage pour pouvoir intégrer la formation en alternance. Sinon, on peut l’intégrer en formation continue ou aller dans une autre formation de l’EFREI, mais si on a décidé de faire de l’alternance, il faut se dépêcher, s’y prendre vraiment à l’avance pour les recherches. À la base, il y avait la place pour 30 élèves, mais nous sommes 32. Ma conseillère, Virginie Gallet, a exceptionnellement demandé l’ouverture de nouvelles places à la région Île-de-France, c’est ainsi que j'ai pu signé mon contrat in extremis ! J'ai donc intégré EDF et j'en suis très heureuse.

De quelles missions êtes-vous chargée en entreprise ?

Je travaille dans le service big data de EDF, où je m’occupe de pas mal de choses. Je participe à toutes les activités de l’équipe, on travaille en méthode Scrum, on est donc tous actifs quant au choix des tâches de développement à réaliser toutes les semaines. S’il s’agit de décider quelles sont les tâches les plus importantes, ma voix compte malgré le fait que je sois alternante. Je fais beaucoup de développement en Spark – langage de programmation permettant de faire de nombreux calculs et manipulations sur une quantité massive de données –, ce qui me permet de faire du traitement et du mapping de données. Cela veut dire que l’on a plusieurs types de bases de données, et ces données n’ont pas le même format. Je construis la chaîne qui va permettre de rendre les données de la première base conformes à celle de la deuxième base. On vient de subir une réorganisation : actuellement je suis dans un service qui fait la mise en exposition des données, je fais du développement Spark pour aller chercher des données dans les bases et les amener dans notre application d’exposition, où d’autres services peuvent venir récupérer ce dont ils ont besoin pour faire tourner leurs propres services. Par la suite je devrais monter en compétences petit à petit. Il est prévu que mon activité évolue. Actuellement, je suis dans l'équipe s'occupant de l'exposition des données, d'ici quelques mois je vais passer dans l'équipe en charge de l'architecture de l'environnement technique Big Data.

Vous disiez que votre voix d’apprentie compte autant que celle des autres. Quelle est votre vision du monde de l’entreprise et du statut de l’apprenti ?

Je pense que les entreprises ont besoin de beaucoup de ressources, elles ont besoin de personnes qui sont capables de maîtriser leur sujet et d’être autonomes. Et les alternants, on est bons parce qu’on est jeunes, on est « vierges » d’impressions, d’expérience et on a une forte capacité à s’adapter aux situations. Je n’ai pas d’avis sur les autres entreprises tant que je n’y suis pas allée, mais pour EDF, je peux dire que c’est une super entreprise. Il y a beaucoup d’alternants chez EDF même (sa filiale ENEDIS qui recrute beaucoup aussi) et les managers tiennent vraiment à nous encadrer. On n’est pas lâché dans la nature, il y a des points réguliers. Il y a un vrai souci de la qualité de la formation, afin que l’alternant gagne des compétences, parce que les compétences qu’il acquiert, c’est un savoir-faire garanti. Chez EDF, ils sont vraiment soucieux de notre statut, sans être rabaissants. On ne nous rappelle pas tous les jours que nous sommes alternants, on nous laisse parler, exprimer nos points de vue et nos désaccords, tout en cultivant nos connaissances.

Les entreprises ont besoin de beaucoup de ressources, elles ont besoin de personnes qui sont capables de maîtriser leur sujet et d’être autonomes."

D’après vous, les entreprises ont donc besoin de ressources et de personnes qui maîtrisent le sujet. Est-ce que cette maîtrise vient aussi du fait que parallèlement vous suivez des cours à l’école ?

Bien sûr, même si ça dépend évidemment du sujet. L’enjeu de l’école est de nous apprendre un socle commun à partir duquel on peut construire. Moi j’avais fait un DUT informatique, mais ce n’est pas le cas d’autres personnes, qui ont suivi des cursus différents, mathématiques, sciences, etc. Pour l’instant, tout ce qui concerne le big data, je l’ai appris en entreprise, mais à l’EFREI on a d’excellents enseignants, qui vont au-delà d’un environnement particulier. Que ce soit le big data, la sécurité ou le développement web, ils nous apprennent à apprendre, à savoir travailler, à prendre du recul par rapport à notre travail et à fournir un travail de qualité, parce que, quelle que soit la branche de développement où l’on est – et il y en a vraiment beaucoup en informatique –, c’est cela qui compte. C’est en tout cas comme cela que moi je perçois les choses, l’essentiel est d’être capable de faire un travail de qualité, surtout car je ne rencontrerai la notion de big data dans les cours qu’à partir de mon M2, avec choix de majeure en M1.

En tout cas, même si des fois on ne voit pas l’application directe des cours dans le travail en entreprise, comme pour moi actuellement – on ne m’apprend pas directement ce que je fais en entreprise –, ce que j’apprends à l’EFREI me sera forcément utile toute ma vie et notamment actuellement en entreprise.

En plus d’être apprentie, vous êtes mère. Comment concilier études, alternance et maternité ?

Je suis tombée enceinte pendant mon DUT, j’ai appris ma grossesse en mars, alors que la formation se terminait en juin. J’aurais pu abandonner ma formation à ce moment-là, car ce n’est pas simple, mais je me suis accrochée et j’ai terminé le DUT. Ensuite, je ne me suis pas sentie d’attaque pour reprendre mes études tout de suite, car avec un bébé c’est difficile de réviser, d’être attentive et impliquée dans son travail. J’ai pris une année de césure, pendant laquelle je suis restée avec ma fille, je me suis recentrée sur moi pour savoir ce que j’avais envie de faire et d’apprendre, vers quoi je voulais me diriger. Après, j’ai choisi l’EFREI, et cela se passe très bien. Ma fille est plus grande, elle va bientôt avoir deux ans. Ce n’est pas facile tous les jours, quand le bébé est malade et que j’avais prévu de réviser, c’est un peu compliqué, cela demande plus d’organisation, mais c’est loin d’être impossible.

L’organisation vous permet ainsi de jongler entre les cours, le travail en entreprise et la vie familiale…

Mon compagnon m’aide beaucoup, il me soutient dans mon choix de continuer mes études, et il faut être ultra organisé. Si j’ai un devoir à rendre, je le commence à l’avance, si j’ai un projet en groupe, je m’associe avec des personnes qui ne travaillent pas à la dernière minute. Au niveau du travail, je n’ai aucune difficulté, je fais ma journée de travail comme une salariée avec un enfant. Quand ma fille est malade, j’ai droit à un congé pour enfant malade.

Le plus dur est d’avoir envie de passer du temps avec son enfant et son conjoint le soir, mais on doit réviser. Il faut savoir se dégager du temps pour les cours et pour la famille, c’est très important. On ne peut pas se permettre de rentrer dans un vice où on ne fait que réviser et travailler, car la famille en pâtit.

De quelles dispositions légales liées à la maternité avez-vous pu bénéficier pendant votre année de césure ?

À la fin d’une alternance, si on ne commence pas à travailler ou si on ne fait pas une autre alternance tout de suite, on a droit au chômage. Quand on tombe enceinte, que l’on ne travaille pas et que l’on était en CDD avant, comme on cotise pendant le contrat, la Sécurité sociale verse des indemnités de maternité, dont j’ai pu bénéficier.

Quelle est la vision de votre entourage quant à votre « double statut » de mère et apprentie ?

En général, ça choque quand les gens apprennent que je suis maman, car ils se disent que je suis très jeune et encore aux études. Pendant mon année de césure, on m’encourageait plutôt à aller travailler, car j’avais déjà un enfant. Mais je me suis bornée à continuer mes études, ce que j’ai fait. Devenir parent, ça oblige à devenir plus mature sur plusieurs aspects, donc des fois je sens des différences avec mes camarades, mais cela ne m’empêche pas de travailler avec eux sur le même projet, de sortir ou de rigoler avec eux. Même si, parfois, il peut y avoir des décalages d’humeur et de sujets de conversations.

Pendant mon année de césure, on m’encourageait plutôt à aller travailler, car j’avais déjà un enfant. Mais je me suis bornée à continuer mes études, ce que j’ai fait."

Sinon, on me traite et on m’a toujours traitée comme une élève « normale ». Quand j’arrive un petit peu en retard car j’ai dû déposer ma fille à la crèche, les enseignants sont compréhensifs, mais je rends les devoirs en même temps que les autres. Lors des admissions au CFA, je n’ai pas été admise parce que j’étais maman, mais parce que j’ai rempli les mêmes conditions d’admission que les autres. Être maman, ça donne l’avantage d’avoir un merveilleux enfant qui nous aime et qui nous attend en rentrant à la maison, mais il n’y a pas de dispositions particulières au niveau de la formation. L'entourage est juste un peu plus compréhensif quand on a quelques difficultés liées à la maternité.

Pensez-vous que la vision des études est différente lorsqu’on est parent ?

Oui, je vois une différence. En DUT, je travaillais, j’aimais les cours, apprendre ce que j’apprenais, mais le fait d’avoir une bonne note ou pas ne m’apportait pas une satisfaction particulière. Depuis que j’ai ma fille – c’est de la maturité ou le fait de ne pas vouloir échouer pour montrer l’exemple à son enfant –, je travaille, j’anticipe, je m’investis, j’y accorde de l’importance. Je trouve que c’est très important de montrer à mon enfant que je suis épanouie dans ce que je fais. Donc oui, la maternité à un réel impact.

Comment êtes-vous suivie par le CFA SACEF et en particulier par votre conseillère ?

Le CFA SACEF communique très bien, on a des réunions qui nous donnent toutes les informations qu’il nous faut. Avec Virginie Gallet, on a beaucoup parlé pendant la phase de recrutement et puis car, dans le cadre de ma formation, je dois partir un mois à l’étranger et, avec ma fille, cela pose pas mal de questions. Elle est vraiment super, elle est très réactive et compréhensive, on peut se confier à elle, elle s’intéresse vraiment à nous, on peut lui parler de ce qu’on a envie de faire et elle a toujours des conseils très avisés.

Quels sont vos projets professionnels ?

Là, je suis chez EDF en architecture big data. Mon but, si je le peux, est d’y rester, car j’ai eu la chance de tomber dans un service très hétérogène, où l’on aborde toutes les questions du big data, et dans lequel j’ai envie de continuer. Si je n’ai pas l’opportunité de rester chez EDF – les recrutements sont un peu compliqués en ce moment, il y a des années où il y a plus de recrutements que d’autres – je partirai dans une entreprise de prestations de manière à pouvoir faire des missions en architecture big data. Je pense avoir trouvé ma voie et ce qui me plaisait, donc je vais y rester. Peut-être aussi dans un autre pays, je l’envisage, en Suisse notamment, car j’ai passé une partie de mon enfance là-bas. Mais je ne définis pas de plan exact, j’ai encore deux ans de formation et j’ai donc le temps de voir quelles opportunités se présenteront à moi.

Propos recueillis par Angela Pinzone, juin 2018.

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